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L'ŒIL D'ANIMA

Nicolas Martel

NICOLAS, L'HOMME DOUX, L'HOMME DROIT

Certains ne le voient pas tout de suite, tant sa stature, son visage taillé dans la pierre, le timbre de sa voix et son patronyme en imposent, Nicolas Martel est un homme doux. Un partenaire de jeu généreux et entier, une crème. Ceci dit, une crème qui peut vite tourner si vous manquez de respect, que ce soit envers lui ou quelqu’un qu’il aime. Ça, il le sent, il durcit le ton. Normal, Nicolas est un homme droit. Un grand instinctif aussi, dans la vie comme au plateau. Oui, dans le travail, qu’il sait rendre léger comme dans Je Suis Le Vent, c’est un comédien chercheur, un comédien joueur. Il baguenaude dans les intentions, virevolte dans la proposition avant d’arrêter son choix. Éprouver semble être son maître mot. Pour tracer sa route de l’invention, celle qu’on fait pour le public, il aime « niveler les bas-côtés ». Sur scène, avec le plus grand soin, il fait connaissance avec tous les possibles.

 

Et la largesse des possibles, Nicolas, il la connait : de sa campagne natale, quelque part entre les Deux-Sèvres et le Maine et Loire, jusqu’au Conservatoire national supérieur d’art dramatique où il fait ses classes à Paris, et jusqu’aux recoins sauvages du Chiapas mexicain qui le happent un temps, Nicolas explore, cherche, trouve, remet en jeu, va voir ailleurs, repart… C’est un voyageur, au sens fort, un homme qui se déplace : dans les champs artistiques, la danse, le théâtre, la musique ; dans la géographie des mondes avec son appétence pour les terres latines ; et peut-être surtout, c’est son grand courage, un homme qui se déplace intérieurement. Fragile et fort à la fois. Et quand la confiance est là, quand l’amour de l’art est partagé, alors tout lui semble possible.

 

Des poèmes récités devant le grand tableau noir en CM2 sous l’œil attentif de Mr Bernardeau aux classes du cons avec Stuart Seide, Dominique Valadié, Catherine Hiegel, Catherine Marnas et la chorégraphe Caroline Marcadé, grâce à laquelle il renoue aussi avec la danse contemporaine, Nicolas se forge une expérience d’acteur qu’il met à profit avec de nombeu.x.ses artistes : dans la grande aventure professionnelle, il retrouve Catherine Marnas à plusieurs reprises, il compagnonne avec Jean-Michel Rabeux et Claude Degliame, il jouera aussi pour Victor Gauthier-Martin, Sophie Lagier, Sophie Rousseau, Nicolas Kerzenbaum, Pascal Reverte, Sylvie Reteuna, Daisy Amias, Alexandra Tobelaim, Laurence Hartenstein, Claude Baqué, Kety Irubetagoyena, avec Gaël Faure pour Le Bruit du Blé d'après Giono, spectacle hors des sentiers battus qu'il joue encore en ce moment dans les fermes et les tiers lieux. Sans oublier Sandrine Nicolas pour une prochaine création de sa fantasmagorie autour de Richard III. Une déjà longue liste où, un point notable, les metteuses en scène sont majoritaires, et en confiance sans aucun doute. Un homme doux, nous l’avons dit. Rien d’étonnant que ce soit Emma Gustafsson qui lui accorde de nouveau confiance pour la création de Je Suis Le Vent.

 

Mais comment imaginer une vie d’artiste qui ne serait que d’une seule corde ? Cette habitude trop française de monomanie, d’hyperspécialisation, Nicolas ne l’a pas. Alors, au fort de leurs retrouvailles, il fonde avec son frère Seb Las Ondas Marteles, un groupe rock et latin, et le voilà chanteur, joueur de triangle, de glokenspiel, de clave, de maracas et de quelques accords de guitare. Pour quoi s’arrêter là ? Un soupçon de cinéma avec Keja Kramer et Philippe Garrel… où il danse avec Monica Bellucci, s’cusez du peu. Une pointe de clip avec les Rita Mitsouko ou General Elektriks. Sans oublier son parcours Frère Animal avec Valèrie Leulliot, Florent Marchet et Arnaud Cathrine. Et la danse ! La danse, redécouverte avec Caroline Marcadé, l’envahit de nouveau. En plus de Caroline, il dansera sous la direction des chorégraphes Sophie Bocquet, Aude Lachaise, Thomas Guerry et Thomas Lebrun. Avec ce dernier, directeur du CCN de Tours, il déploie avec grâce son grand corps d’homme dans le magnifique spectacle Sous les fleurs, florilège de moments suspendus, la grande beauté.

 

Est-ce que Nicolas à la voix profonde est un “homme à tout faire” ? Si c’est le cas, il est de ceux qui redonnent de la noblesse à ce terme. C’est de toutes les façons un scrupuleux éclectique, un passionné touche-à-tout, un voyageur idéal… Oui tout est possible pour Nicolas, pour autant qu’il y ait, condition sine qua none, la confiance, donc l’amour en partage.

L'œil d'anima

novembre 2024

photo © Alain Hatat / "Je Suis Le Vent"

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